Les Etats-Unis ont conjuré l’effondrement artificiel du plafond de leur dette et un chaos aux proportions lehmanesques pour le pays et le reste du monde. Si on a évité un défaut, l’humeur n’était pas à la liesse, sauf pour quelques minutes quand la députée de l’Arizona, Gabrielle Gifford, miraculée d’une tentative d’assassinat par un extrémiste, en janvier dernier, est entrée dans l’hémicycle pour participer au vote. Quant au reste, sous l’influence d’un groupe d’une quarantaine de parlementaires du Tea Party, le curseur a résolument glissé dans la coulisse du rhéostat vers la fonte de la dépense publique. Les Etats-Unis ne sont pas la Grèce, et nous ne parlons que de 2,1 trillions d’économies budgétaires sur dix ans, mais la victoire du Tea Party se mesure, à l’aune de l’absence totale d’augmentation d’impôts pour assainir les finances publiques ; les ménages millionnaires et milliardaires l’ont échappé belle.
Si Obama a gagné le droit de ne pas à avoir à quémander les moyens pour son administration de fonctionner alors qu’elle est engagée dans deux ou trois guerres et que l’échéance présidentielle arrive dans 15 mois, l’ampleur de victoire idéologique du Tea Party se mesure aussi par la création d’une commission mixte paritaire chargée de couper 1,5 trillions dans la bête étatique. Si celle-ci venait à ne pas tomber d’accord, s’imposeraient automatiquement des coupes sombres dans des programmes sociaux chers aux Démocrates. Tout dépendra donc si dans ce panel sont nommés des modérés ou des maximalistes.
Pendant que le petit jeu politicien se déroulait à Washington, la bourse de New York a baissé huit séances consécutives, une passe digne d’octobre 2008. On s’attendait à ce qu’elle remonte après la nouvelle du vote du Congrès, mais aujourd’hui, elle clôture en recul de 2,19%. Ce n’est pas le défaut de création d’emplois qui est sanctionné. 14 millions de chômeurs sont moins désespérants que 14 trillions de dette publique, quand on n’est pas touché dans la chute. Non, maintenant que le plancher d’acajou ne se liquéfiera plus pour des raisons politiques, les spéculateurs, ah pardon, les hedge funds managers et les flash traders sont retournés à leurs campagnes d’Espagne et d’Italie.
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