12 septembre 2011
Un. L’infection se dissémine du foyer primitif par la voie lymphatique, elle enveloppe des membres périphériques et finit par atteindre un organe vital. La maladie de l’inaction européenne se terminera par une crise. Il y a exactement deux semaines, j’écoutais Martine Aubry à Paris vanter la signature d’un pacte social-démocrate franco-allemand avec Sigmar Gabriel. Si par la force du suffrage universel, les deux partis frères revenaient aux responsabilités en 2012, fini l’immobilisme, un moteur franco-allemand de gauche allait sortir l’Europe du fossé. Or entre temps, Jürgen Stark, le représentant allemand à la Banque Centrale Européenne a démissionné vendredi, déclenchant un séisme dans un paysage boursier, déjà passablement chaviré. Officiellement, comme pour l’ancien directeur de Standard and Poor’s, c’est bien sûr pour des raisons personnelles. En réalité, Monsieur et Madame Stark ont déjà beaucoup visité Saint-Tropez. Les interventions d’open market par lesquelles la BCE est en train de soutenir les pays qui n’arrivent plus à se refinancer sur les marchés internationaux, en leur accordant des liquidités en échange de leurs bons du trésor dépréciés, cause des tensions au plus haut niveau en Allemagne. Si Mme Merkel semble s’y être résignée, les banquiers centraux allemands eux lancent une ruade après l’autre. Axel Weber, gouverneur de la Bundesbank et successeur prévu de Jean-Claude Trichet à la tête de la Banque Centrale Européenne avait démissionné pour les mêmes motifs en février. De son côté, Sigmar Gabriel n’est pas du tout partisan des émissions de d’euro-obligations et plutôt d’accord avec Jürgen Stark. Bref, pour sortir de l’impasse Merkel-Sarkozy, l’alliance Aubry-Gabriel est un beau mirage mais c’est un mirage.
Deux. La contradiction absolue dans le raisonnement achoppe sur l’aveuglement des dirigeants européens ; chacun investi de la défense de leurs intérêts nationaux. C’est le principe même de l’équilibre sous-optimal de Nash : en l’absence d’un « commissaire-priseur » walrassien, donc suisse, enfin d’adoption, donc neutre, qui permet d’harmoniser l’offre et la demande via le prix et les quantités, ici, la solution optimale ne peut constituer l'
Trois. Si la Chine voulait s’acheter une place dans le concert des nations, elle sortirait maintenant son carnet de chèques et offrirait de régler l’addition européenne en exigeant des intérêts. Cela damnerait le pion aux Etats-Unis. Heureusement, cette chronique n’est pas traduite en chinois.
La Grèce va faire faillite, annoncent les pyrannas sur un fond de requiem. Sur la plage, fuite éperdue des troupeaux de crabes, hauts sur pattes et semblables à de monstrueuses araignées, ils guettent les huitres, qui ne savent pas que leur chair est comestible aussi. Les feuilles mortes se ramassent à la pelle et l’Europe aussi.
Gabrielle Durana
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4 commentaires:
Oui, l'Europe institutionnelle est lamentable par la structure que le TPCE lui a donné comme par ceux qui en occupent les postes de "responsabilité".
Les cours des entreprises et des banques ne sont pas encore assez bas pour que la Chine mise. Pas folle la guêpe ! Elle a compris qu'on a décroché. Elle ramassera les débris de l'épave.
C'est vrai qu'en ecrivant ce paragraphe j'avais en tete Warren Buffet et que lui en plus du sens des affaires est aussi patriote. La Chine n'a pas besoin d'eprouver de la compassion pour nos malheurs, elle a deja bien a faire chez elle avec sa propre population.
"les pyrannas"
" piranha"
N'est-ce pas plus seyant comme ça?
Merci! J'adore qu'on m'aide a me corriger. Je savais bien que l'orthographe de ce mot me jouait des tours. Dans la cour de recreation, certains enfants faisaient rimer mon nom de famille avec piranha :-)
Amicalement,
Gabrielle
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