dimanche 17 mars 2013

149ème épisode : L’argent des autres, incidemment des Chypriotes



Cette chronique est dédiée à Jean Isseri, qui chaque fois que je le vois me redemande quand est ce que je vais écrire la suivante. J'ai mis du temps ~ 

17 mars 2013

Depuis la dernière chronique, il y a plus d’un an, Sarkozy a perdu les élections, Obama a été réélu. L’économie américaine est en convalescence (+2%) et soumise aux coupes budgétaires automatiques ; le mur parlementaire érigé par les Républicains. Pourtant, à en juger par la Bourse, il y a de l’eau sur Mars ! Les indices Dow Jones et le Nasdaq à dominante technologique sont à des records d’euphorie : 14539 et 3258 points, on n’avait pas vu cela depuis 7 ans.  

L’économie européenne, de son côté reste en berne avec une croissance négative de 1,3% pour la zone euro et de 1,7% dans toute l’Union européenne[1]. Mercredi dernier, le Parlement européen, auquel le traité de Lisbonne confère depuis 2009 un droit de véto,  s’est rebellé contre la poursuite de la politique d’austérité. Par 506 voix en faveur et 161 contre, les eurodéputés ont adopté une résolution sanctionnant le projet de budget européen adopté le 8 février par le Conseil européen – l’organe des gouvernements de l’UE.

Dans ce contexte plein d’entrain, les habitants de Chypre se sont réveillés samedi et leurs dépôts bancaires avaient été ponctionnés de 6,75% ; ou de 9,9% pour ceux qui détenaient un solde supérieur à 100.000 euros sur leurs comptes protégés.  

On commence à se voir dans la flaque.

Comme dans un mauvais rêve, cela s’appelle un upfront one-off stability levy. En échange de l’évaporation de leurs avoirs bancaires, les Chypriotes, ces chanceux sont devenus actionnaires de leur banque pourrie sauvée par le FMI, l’UE et leur ponction monétaire.  17 milliards $ cela se trouve là où on peut !  

On nous explique que ce n’est pas très grave parce qu’en réalité l’argent sur les comptes appartenait surtout à des oligarques russes. Bien mal acquis ne profite jamais.

On nous explique un peu que les Chypriotes sont seulement 1,1 million. Que vont-ils faire pour marquer leur révolte ? Demander leur rattachement à la Turquie ? Et puis, bon les Chypriotes, ce sont les nouveaux Argentins de l’Europe, les Islandais de la Méditerranée. Leur système financier avait enflé jusqu’à atteindre 8 fois le PIB de l’île. Et voilà ce qui arrive quand la grenouille veut devenir aussi grosse que le bœuf !

Sérieusement, si il fallait pleurer sur tous les malheureux de l’Europe, la Méditerranée remonterait de 50 centimètres.

Combien de temps les déposants de l’UE vont-ils croire que la stabilisation passe par la saignée du compte en banque des autres ? Les bistouris qui suivent, indolents compagnons de voyage, glissent sur les gouffres amers et l’empêchent de marcher. On fabrique bien le fascisme.

Gabrielle Durana
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1 commentaire:

Bernabeu 78 a dit…

Well... Je n'en ai pas cru mes yeux... Mais si c'est vrai... Ils l'ont fait... Incroyable!