19 juin 2011
Angela Merkel exige que les créanciers assument une partie des pertes (haircut). Nicolas Sarkozy appelle à la solidarité publique européenne et refuse la réduction du montant nominal de la dette parce que ses propres banques seraient les premières lésées. Un coup d’œil aux tableaux d'exposition au risque illustre que dans la crise actuelle, ni l’Allemagne, ni la France, malgré les discours de façade ne sont solidaires. En réalité chacun défend ses intérêts nationaux.
Les trois principales banques françaises (BNP, Société Générale et Crédit Agricole) de leur côté affichent des investissements respectifs dans la dette grecque de 5 milliards €, 21,7 milliards € et 5,9 milliards €.
Si une réduction du montant nominal de la dette publique grecque avait lieu, elle serait assimilée à un défaut de paiement. Partiel, ou total, pour les Credit Default Swaps[i], le degré ne change pas la nature. Le paiement de tous les CDS qui couvraient le risque de « faillite » de la Grèce deviendrait exigible. Or qui détient ces CDS ? Surtout des banques internationales.
D’autre part, la Banque Centrale Européenne a déjà déclaré qu’elle cesserait d’accepter les titres du Trésor grec comme garantie des prêts. En clair, le système bancaire grec ne pourrait plus se refinancer. Et le virus du défaut pourrait se répandre dans la zone euro comme la bactérie e-coli.
L’Europe de Maastricht s’était construite avec l’approbation timorée des peuples. Mais après, elle s’est embourbée dans un processus d’union sans cesse plus sclérosé, dont le rejet de la Constitution Européenne a marqué l’impasse. Aujourd’hui, les « événements de Grèce » avec leurs images d’une guerre sociale qui ne dit pas son nom ne racontent pas l’histoire du sauvetage de la Grèce mais celui des banques européennes, nonobstant les stress tests mirifiques sur le corps mort des Grecs.
Lady Gaga devrait aller donner un concert sur la place Syntagma et chanter : « Don’t cry for me Argentina. »
Gabrielle Durana
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