4 décembre 2011
Dans la crise actuelle de l’euro, la Banque Centrale Européenne est un petit peu prêteuse ; c’est là son manifeste défaut. Le 27 août, The Economist taxait la crise européenne de « panique bancaire au ralenti » (‘slow-motion bank run’). Bloomberg parlait le 11 novembre d’une « panique bancaire invisible ».
Au moment où de nombreux observateurs y compris des pères fondateurs de l’Europe, dont Jacques Delors, 86 ans, se demandent si l’euro sera encore là en janvier, la BCE peut compter sur ses amis. Mercredi dernier, alors qu’on s’attendait à une séance boursière catastrophique après la dégradation de la note de 15 grandes banques par Standard & Poor’s, l’intervention concertée de six banques centrales, la Réserve Fédérale, la Banque d’Angleterre, la Banque Nationale Suisse, la nippon ginkō, la Banque du Canada et la BCE a permis de prévenir un gel de la plomberie européenne. Les bourses ont répondu avec des scores de +5%.
Les swaps de devises, un déboucheur Domestos
En théorie, les swaps de devises débouchent facilement tout type de canalisations. C’est le principe « Choc et Effroi » appliqué à la plomberie. Voici comment agit le produit : la BCE et la Réserve fédérale se mettent d’accord que la 2eme mettra à disposition de la première X milliards de $. En échange la première lui prête l’équivalent en euros (dont la 2eme n’a pas vraiment besoin mais l’amitié c’est bien de l’entretenir, on ne sait jamais de quoi le lendemain est fait), moyennant une petite rémunération. La Banque Centrale distribue ensuite les précieux dollars lors d’une vente aux enchères et les banques commerciales qui avaient du mal à trouver des dollars car personne ne se faisait confiance ne meurent pas d’une panique bancaire, ou de son nom savant « a bank run ». A la date d’expiration, les deux banques centrales neutralisent les milliards ainsi créés, il n’y pas de risque d’inflation. Il n’y a pas de risque de change non plus, puisque chacun reprend ses milliards libellés dans sa devise.
Les swaps de devises visent à inonder les marchés de liquidités et l’action concertée démontre la détermination absolue contre laquelle aucun spéculateur ne résistera.
Les banques centrales avaient déjà utilisé les swaps de devises après le « crédit crunch » occasionné par la faillite de Lehman Brothers ; jusqu’à des montants de 583 milliards $ en décembre 2008. On appelle « credit crunch » la situation dont il-ne-faut-pas-prononcer-le-nom, où les banques ne se prêtent plus ; par peur que l’autre fasse faillite et ne la rembourse pas. Depuis janvier 2010, ce mécanisme de super prêt inter banques centrales n’était presque plus utilisé; preuve de l’amélioration du fonctionnement des marchés des capitaux.
D’après une dépêche de l’AFP, depuis l’annonce faite mercredi 30 novembre, seuls 352 million de billets verts ont été empruntés par les banques commerciales européennes. Pourquoi si peu ? D’après le journaliste, à cause de la peur du stigmate, malgré l’anonymat garanti.
Maintenant que les tuyaux sont sauvés de la maison européenne en flammes, le couple franco-allemand s’occupe d’envoyer un dépanneur bilingue pour qu'il voie si c'est la peine qu'il vienne.
La Chancelière allemande ne veut pas payer, sans un droit de Père Fouettard sur les cassettes nationales. Le Président français fustige tant de défiance, parce qu’après l’audit, 28 anciens fermiers généraux furent guillotinés, y compris des hommes de grande qualité comme le chimiste Lavoisier ; ce qui augure mal quand on veut demeurer locataire du 55, faubourg Saint-Honoré.
Gabrielle Durana
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