mardi 7 avril 2009

Chronique # 77: les accords de London Hoods

L’Hôtel Mount Washington à Bretton Woods dans le New Hampshire,
où en 1944 furent créés le nouveau système monétaire international d’étalon de change-or et le FMI.

7 avril 2009

Au 1600 Pennsylvania avenue, Malia et Sasha sautaient sur la valise de leurs parents pour s’amuser. A Buckingham Palace, les serviteurs de la reine dépliaient la nappe pour le thé. Gordon Brown, en souvenir d’Henry VIII commettait un discours à la Cathédrale de Saint Paul. On attendait John Maynard Keynes en transe. « Je ne crois pas qu’il y ait de meilleur endroit pour vous parler du sommet du G20 »[i]. On eut Thomas More sans l’utopie. « Notre système financier doit être fondé sur les mêmes valeurs que nos familles. »[ii] Mais voilà que patatras, trois jours avant le sommet de toute une carrière politique, celle de Gordon Brown, le premier ministre tchèque, qui avait déjà eu beaucoup de mal à convaincre Nicolas Sarkozy de descendre de Marengo, pour que tourne le manège des Vingt-Sept, Mirek Topolanek, donc, est censuré par son Parlement. A l’heure où tout le continent s’enfonce dans la récession et veut peser face aux Etats-Unis, ouste ! Si on ne peut pas sommétiser tranquille, comment voulez-vous que l’on s’occupe des problèmes ?

Les manifestants protestent contre tout, tout contre le 10 Downing street. Arrivent les Obamas, c’est presque les Beatles. L’autre vedette londonienne c’était mon oncle de Chine, qui a fait fortune avec ses usines. Comme l’écrit Axelle Lemaire, universitaire française qui travaille à Westminster, « la prospérité est une et indivisible ». Le G20 représente 80% du PIB mondial, 90% de la population du globe et 100% de ceux qui décident. Obama est peut-être le nouveau Roosevelt mais 2009 n’est pas 1929. Brown n’est pas Winston Churchill, Sarkozy n’est pas Napoléon et le monde ne se décide plus autour d’un verre de cognac.

Au moins, ces gens-là se parlent. Tous en même temps, mais avec des traducteurs.

Ils avaient décidé de ne pas décider, juste de poser un cadre (« a framework ») avec quatre jolies moulures. Un quadrilatère de la sortie de crise sans crisser : des plans de relance, pluriel partitif comme les rillettes (ah, vous n’aimez pas les rillettes ! Trop gras ?), une régulation douce avec une liste ni rose ni noire et des petites aiguilles dans les méridiens des paradis fiscaux, une halte au protectionnisme et une grosse rallonge pour le FMI, maintenant pompier-trillionnaire.

Marguerite Yourcenar, écrivain belge et première et longtemps seule femme académicienne, ce qui faisait qu’au 23, quai de Conti, il y avait son nom sur la porte des toilettes, raconte dans la nouvelle « Comment Wang-Fo fût sauvé », l’histoire d’un empereur chinois amateur d’art cruel qui faisait assassiner les peintres aussitôt terminés leur tableau. Wang-Fô ne savait que s’appliquer. L’assistant faisait tomber des fioles en mélangeant les encres. Quand le paysage de rizières et de joncs fut prêt, Wang-Fô ajouta d’un coup de pinceau une barque et les deux montèrent dessus.

A Londres, on a mis la photo dans le cadre, on l’a accroché à une cimaise et tout le monde a vogué au loin.

Gabrielle Durana
Chroniques du tsunami financier, all rights reserved.
----
[i] “I believe there is no more appropriate place to talk with you about the G20 summit which opens in London tomorrow”.
[ii] « Our financial system must be founded on the very same values that are at the heart of the best of our family lives ».




Aucun commentaire: