1er novembre 2011
Le Premier ministre Grec, George Papandréou a annoncé hier qu’il soumettrait le plan de sauvetage de son pays accordé avec les 16 autres pays de l’eurozone à référendum. La nouvelle a sidéré les membres de son cabinet et l’opposition, déclenchant une crise ministérielle. Elle a aussi soulevé une colère bleue chez les chefs d’Etat de l’UE, qui s’étaient couchés à 4h00 du matin jeudi dernier, pour arracher un accord, en prévision du sommet du G20 qui s’ouvre à Cannes dans deux jours. Les marchés financiers ont roulé affreusement, gémissant de place en place : - 5,38% à Paris, -4,94% à Francfort. -2,21% à Londres, -6,92% à Athènes et -2,79% pour l’index S&P 500 de New York.
A l’euphorie de la semaine dernière ont succédé l’indignation et la dépression. Papandréou avait signé, comment ose-t-il revenir sur sa parole ? Les créanciers privés ont déjà accordé un pardon de 50% de leur créance. Que veulent ces fainéants de Grecs ? 100% de remise, et puis quoi encore ? , répètent à l’envi les télévisions.
Que Papandréou n’ait pas consulté son cabinet avant d’annoncer le référendum est certainement difficile à comprendre pour quiconque a travaillé au sommet de l’Etat au pire d’une crise nationale. En revanche, qu’il n’ait pas annoncé à Merkel et Sarkozy ses intentions référendaires, avant de signer, ou après, soit relève du théâtre entre politiques, soit démontre le niveau de coercition dans lequel il était placé, et la notion de consentement qu’il aurait pu donner s’en trouve annihilée.
Papandréou, un patriote et un démocrate
Le référendum permettra de poser la question des intérêts des Grecs par les Grecs pour les Grecs. En effet, le choix n’est pas contrairement à la vulgate de certains médias entre la dolce vita à l’ancienne et l’offre généreuse de 50% de remise offerte par l’eurozone. Comme je l’ai montré dans ma chronique d’hier, l’offre ne règle pas le problème de l’apurement de la dette publique grecque. Elle propose une demi-solution qui arrange surtout les autres Européens parce qu’elle évite le chaos d’une sortie de la zone euro par la Grèce ; une telle occurrence ne manquerait pas de propager la panique vers l’Italie, voire l’Espagne.
Sortir ou rester dans l’euro, il faut choisir
Le choix est entre une politique d’ajustement structurel sans dévaluation (le plan de jeudi dernier) et un plan d’ajustement structurel avec sortie de la zone euro. Le premier scenario impose une thérapie de choc avec peu de perspectives de retour à la croissance, depuis le fond du puits. Le deuxième avec renaissance de la drachme, dévaluation, bannissement du marché international des capitaux, à l’Argentine, enfantera dans la douleur mais dessine l’espoir d’un retour à la croissance d’ici à dix ans. Il ne fait pas notre affaire, mais du point de vue des Grecs, la question mérite d’être posée devant le peuple souverain.
Le référendum est difficile à accepter pour les autres dirigeants européens. Les « pays forts » ont perdu tellement de temps que maintenant il y a vraiment le feu à la maison. Le référendum ne pourrait être organisé avant janvier 2012 et l’incertitude est un corrosif de la reprise pour tout le monde, y compris les 10 autres pays européens non-membres de la zone euro. Quant aux « pays sous assistance », ils vont surement trouver que d’avoir joué le jeu leur a coûté un vil prix.
Pour les Américains, la paralysie politique, le caractère ingouvernable de l’UE est une paille dans l’œil du cyclone de leur premier partenaire commercial.
Les Grecs pourront-ils décider de leur futur sans avenir ? Réponse vendredi, car le cabinet Papandreou ne tient plus qu’à un fil.
Gabrielle Durana
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