2 novembre 2011
Le timbre poste était superbe, qui commémorait à l’avance le 6ème sommet des Grands de ce monde sur la Croisette. « G20, France 2011, Nouveau monde, nouvelles idées » promettait le logo avec la Tour Eiffel, symbole du génie gaulois guidant l’humanité. Et voilà que la fête est gâchée à cause d’un petit ramoneur de rien du tout.
La Grèce ne fait pas partie du G20 mais sa présence au sommet de Cannes qui s’ouvre demain est comminatoire. L’annonce, par le Premier ministre grec, de l’organisation d’un référendum sur le plan proposé par l’Eurozone à son pays a été accueillie avec colère et consternation. Angela Merkel et Nicolas Sarkozy lui ont posé un ultimatum : soit la Grèce accepte les conditions rigoureuses du plan accordé jeudi, sans plus tergiverser, soit elle quitte la zone euro. Et ils l’ont sommé de répondre en personne devant tout le monde. Arrivé cet après-midi à l’aéroport de Cannes Mandelieu, George Papandréou dont le gouvernement a serré les rangs assume.
Quelle est la question ?
Pour que la consultation populaire ait lieu, il faudra que le gouvernement ne tombe pas vendredi. Le cas échéant, l’article 44 alinéa 2 de la Constitution de 1975 (révisée en 2001) dispose :
« Le Président de la République peut proclamer par décret la tenue d’un referendum sur un sujet national d’intérêt majeur, suivant une résolution proposée par le gouvernement et adoptée à la majorité absolue des membres du Parlement.
Via un décret présidentiel, un référendum sur des sujets d’importance sociale, à l’exception des questions budgétaires peut être proposé par le Parlement à une majorité des 3/5emes de ses membres, sur proposition d’au moins 2/5eme de ses membres. »
D’après les dernières nouvelles, le peuple grec devrait être invité à se prononcer dès le mois de décembre. La manière dont sera posée la question aura toute son importance : « Acceptez-vous la remise de dettes de 100 milliards € et les 130 milliards € de nouveaux prêts qui permettent de financer l’Etat jusqu’en 2020 ? » n’est pas la même chose que si on demande : « Acceptez-vous les mesures d’austérité comme contrepartie au maintien de la Grèce dans la zone euro ? » ou plus simplement « Voulez-vous demeurer dans la zone euro ? ».
Pour que le vote soit considéré comme valide, le taux de participation devra être supérieur ou égal à 40% des inscrits.
Retention de fonds
Les Européens brandissent la menace de couper le robinet de liquidités si les Grecs venaient à ne pas se hâter, ou à mal voter. En réalité, il y a bien le feu à la maison et les menaces auront peu de prise sur le gouvernement du Passok, si celui-ci survit à la question de confiance vendredi.
En effet, comme l’écrivait l’ancien vice-président du Fed de Dallas George O’Driscoll, aujourd’hui, dans le Wall Street Journal : « quand est-ce qu’un plan de sauvetage n’est pas un plan de sauvetage ? Quand le bailleur est à court de fonds ».
Sheila Bair, l’ancienne directrice de la Federal Deposit Insurance Corportion, l’agence américaine qui intervient pour mettre sous tutelle les banques insolvables, a raison quand elle écrit pour CNN Money que la crise dure depuis 18 mois parce que les banques européennes avec la complicité des régulateurs ne veulent pas affronter la réalité des pertes abyssales. Suivant le vieil adage que tant qu’on n’a pas vendu, on n’a pas perdu, elles espèrent que le prix des actifs repartira à la hausse. Chaque semaine d’inaction aggrave le problème. Ainsi l’incendie couve sous les pieds d’un secteur bancaire zombie, mais les Européens tancent les Grecs. Le monde regarde les fagots de sarments et les dirigeants européens le tuyau d’arrosage.
Pas de panique
Aujourd’hui, les bourses ont fini de digérer la bombe démocratique hellène et elles clôturent en hausse entre 1 et 2%.
Gabrielle Durana
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1 commentaire:
It's a world class presentation. No doubt about that.
sap bpc
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