vendredi 19 septembre 2008

Chronique n°3 Le Crédit Lyonnais précurseur

Vous vous souvenez du Consortium de Réalisation ? Nous l’ avons tant aimée, la facture du Crédit Lyonnais. Nous étions en 1993, en plein marasme économique, avec une croissance négative (-1,3%) et cette crise de l’ immobilier qui n’en finissait pas. Sounds familiar ? Depuis 1991, le Crédit Lyonnais, première banque du pays, a fait des investissements malheureux et pour masquer la gravité de la situation, il fait de la comptabilité créative.

Finalement, le scandale éclate et une décision politique est prise. On ne va pas renflouer la banque (coût de l’opération 50 milliards d’ euros), on ne va pas la vendre par appartements (coût social et politique trop élevé), on va donc étaler les pertes et exciser du bilan les actifs pourris. Une structure de « défaisance », (les banquiers ont des dons de poètes) est chargée de liquider les actifs au fur et à mesure du possible tout en permettant de nettoyer le bilan financier de la banque immédiatement. Le CDR recevra ainsi plus de 28 milliards d’ euros d’actifs douteux et il lui faudra 11 ans pour achever sa mission. (Fin 2006, le CDR n’ avait plus que 50 millions d’actifs, repris par la Caisse des Dépôts.) Juste pour la petite histoire, tous les actifs n’étaient pas à jeter, et Pinault grâce à son entregent en a bien profité pour rafler des diamants rayés qu’ il a fait polir à nouveau et sertir dans sa couronne d’ empereur.

Le choix fait en 1995 n’ était pas absurde. Au total le coût du renflouement du Crédit Lyonnais n’a été que de 16 milliards d’ euros, à comparer aux 50 si on avait agi dans l’ urgence. La Banque Centrale Américaine est en train de faire la même chose avec une différence de taille : la taille de l’ intervention.

Après s’ être portés au secours de quatre des plus grandes institutions financières du pays, Bears Stearn en mars (30 milliards), Freddie Mac et Fanny Mae (potentiellement 200 milliards chacune) puis AIG avec 85 milliards, après avoir injecté 400 milliards de dollars de liquidités qui avaient été immédiatement absorbées, et ne voyant toujours pas la situation s’ améliorer, le Trésor américain, la Fed et le Congrès se sont rendu compte qu’ il ne leur restait plus qu’à sortir l’arme de la structure de défaisance ; comme lors de la crise des Caisses d’ épargne (Savings and Loans) de 1987.

Créée en 1989, la Resolution Trust Corporation avait récupéré et liquidé 400 milliards d’actifs douteux de plus de 700 caisses d’épargne. En 1995, elle fut absorbée avec une autre agence, la Federal Deposit Insurance Corporation, créée après la crise de 1929 pour garantir les dépôts.

Coût de l’ opération de socialisation des pertes : entre mille et trois mille milliards de dollars.

Chroniques du tsunami financier Gabrielle Durana All rights reserved

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