lundi 3 novembre 2008

Chronique # 33 : entre Martin Luther King et Roosevelt

Lundi 3 novembre 2008

A San Francisco, demain, on vote outre pour élire le 44ème Président des Etats-Unis d’ Amérique, pour donner le nom du locataire en partance du 1600 Pennsylvania ave à un bâtiment public. Le tribunal des faillites ? Froid. Les abattoirs municipaux ? Vous remontez vers l’Alaska. Essayez quelque chose de plus gai, je vous donne un indice : ici même les microbes se bouchent le nez en formant la lettre W.

Sur Wall Street TV, entre les clips politiques qui ne s’arrêtent jamais et qui taxent Barack Obama à chaque coupure publicitaire de « trop risqué, un gauchiste, un communiste » (=« too risky, too liberal, a socialist ») et les analyses graphologiques de la signature sur un chèque en bois de l’ancien PDG de Lehman Brothers, la Bourse se baladait entre 9255 points et 9410 pour clôturer en chute de 5 petites plumes.
Malgré toutes les tentatives d’intimidation et de désinformation, des faux emails sur le ton « Voici comment Barack Obama va augmenter vos impôts », signés par un conseiller imaginaire de la banque Wachovia ou martelées à la tribune à l’ adresse de petits blancs qui pourraient bien profiter d’ un peu de redistribution fiscale par la démagogue Sarah Palin, le populiste McCaïn ou leur acolyte Joe le Plombier, le retour de l’ Etat ne fait plus peur.
Même sur Wall Street TV. Les experts débattaient cet après-midi de savoir qui deviendrait Treasury Secretary, après Hank Paulson sous une administration Obama. Paul Volker, l’ancien Gouverneur de la Fed avant Ben Bernanke et Alaln Greenspan, ou le Président de la Banque centrale de New York, Timothy Geithner, qui est déjà bien rodé grâce à toutes les faillites et quasi-faillites de Wall Street depuis l’année dernière. Les noms du Comte de Kropotkine ou d’Engels ne faisaient pas partie des ministrables.
On discutait aussi de savoir si une victoire écrasante des Démocrates leur confèrerait la majorité qualifiée (60 sièges sur 100) au Sénat qui leur permettrait de lancer un New New Deal ; sans avoir à souffrir l’obstruction systématique des Républicains. Aux autoroutes de l’information de l’ère Clinton succèderaient les chantiers des énergies renouvelables qui créeraient des millions d’emplois comme l’Internet quinze ans plus tôt ; une politique industrielle qui relancerait le secteur automobile et des grands travaux pour donner du travail aux chômeurs et moderniser le pays.
Comme dans une super production du Docteur Jivago, la grand-mère de Barack Obama, la femme qui l’a élevé est morte ce matin d’un cancer et 2015 jours après avoir déclaré « Mission accomplie en Irak », George W Bush devrait donner son nom à des égouts ultra-modernes.

Gabrielle Durana
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