31 octobre 2008
Octobre 2008 est le pire mois au palmarès de l’histoire financière depuis le krach d’octobre 2007. Sur l’air des feuilles mortes, on pourrait résumer en chantant que les cours en bourse se ramassent à la pelle, les chômeurs et les consommateurs aussi. Tant de choses se sont passés en 31 jours, une nouvelle chassant l’autre, qu’on a du mal à réaliser. Tout avait commencé par le rejet du Plan Paulson de 700 milliards de dollars, puis une grosse frayeur, puis son adoption dans une version amendée suivie d’une étrange capitulation boursière le 10 octobre.
L’Europe, d’ abord désunie a dû garantir ses dépôts au fur et à mesure que la surenchère des pays non-coopérateurs créait des risques de fuite des capitaux pour les autres membres de l’Union Européenne. Puis il devint apparent que les problèmes n’étaient pas seulement made in USA mais bien le résultat d’investissements exagérément optimistes avec de l’argent emprunté de la part de l’Allemagne, l’Autriche, le Royaume-Uni, la France, l’Italie et la Suisse dans les pays d’Europe centrale à fort taux de croissance ; quant à l’ Islande, ah, l’ Islande !, si seulement elle avait lu La Fontaine. Tandis que la BCE se mettait à aider des pays en dehors de la zone euro pour minimiser les secousses secondaires sur sa maison, Gordon Brown, le Premier ministre britannique montra le chemin avec un plan de sauvetage sensiblement différent du Plan Paulson, qui fut immédiatement adopté par les pays de l’UE, et même par Paulson lui-même. Au lieu de racheter les actifs pourris, on allait parer l’urgence en recapitalisant les banques.
Les secousses telluriques ont commencé à être ressenties à partir du 8 octobre dans les pays émergents d’Asie et d’Amérique Latine. Pendant quelques minutes, les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) crurent pouvoir rester en dehors des courbes de propagation, mais tributaires de la demande mondiale ou des capitaux du Premier Monde, ils tombèrent dans l’épicentre, comme tout le monde. La théorie du découplage avait vécu.
Comme en football américain, le quatrième quart de temps aura réservé des surprises : la dernière semaine d’octobre est la meilleure en termes de progression boursière depuis 1974. Le Dow Jones a aussi grimpé sans retomber, pendant deux séances consécutives pour la première fois depuis le 24 septembre. Quant à l’indice des valeurs technologiques, le NASDAQ, il connaissait quatre séances haussières à la queue leu leu, ce qui n’était pas arrivé depuis mai 2008. Tout cela semble confirmer que la Bourse a bien touché le fond et qu’elle devrait repartir. Mais il y avait quelque chose de fondamentalement erroné à voir lundi le Dow Jones caracoler à presque 11% avec un indice subjectif de la consommation au plus bas depuis 40 ans. D’ ailleurs, l’impression était validée par les chiffres du commerce de détail publiés jeudi : -3,1% par rapport à octobre 2007 et -14% quant on parle d’objets durables. Paul Krugman concluait : « Les consommateurs ont capitulé ».
Même si le credit crunch desserre son étau, sans consommateurs ayant les moyens de consommer, les entreprises n’anticiperont pas de carnets de commande. Le cercle vicieux pénètre l’économie réelle. Pas de commandes, pas d’embauche, pas de salaires, pas d’achats. C’est Halloween mais le film d’ horreur de la déflation continue après minuit. La déflation ce n’est pas chouette les prix baissent ! Un peu d’inflation c’est comme un peu de graisse qui vous tient chaud et vous donne une belle peau. A petites doses, l’inflation huile les rouages de l’économie. La déflation c’est quand la demande se contracte et l’économie réelle est détruite, comme dans un accident cardio-vasculaire quand une partie du cerveau n’est plus irriguée, elle se nécrose.
En attendant, il faut que je vous quitte. J’ai enfilé mon costume rapiécé de Grande Crise et je vais distribuer des bonbons dans une maison qui vient d’être saisie.
Gabrielle Durana
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