Le tsunami arrive en Asie : après des chutes de 10 et de 15,5% aujourd’hui et de 10 et 19% hier, l’Indonésie et la Russie suspendent leurs cotations. Le Nikkei baisse de 9,4%, la bourse de Shanghai de 3%, celle de Séoul de 5,8%. Le tsunami est toujours en Europe : Francfort, - 5,88%, Londres, -5,18% aujourd’hui et -7,9% hier. Paris -6,39%, après une chute lundi de presque 10%. Quant à Rome, elle commence à ressembler à l’ intérieur d’ une baleine.
La question n’ est pas panic or not panic mais quelle sorte de panique ?
Lundi, le jour où la Bourse aurait dû célébrer l’adoption du plan Paulson, le Dow Jones avait atteint -800 points avant de remonter pour clôturer à -500. Paradoxalement, cette amélioration de dernière minute n’était pas une bonne nouvelle. Depuis lundi, les hedge funds vendent parce qu’ils sont forcés de rembourser leur argent aux riches clients dont les fonds arrivent à «rédemption» (vous vous souvenez ? Après la date d’expiration…). Les mutual funds vendent parce que les petits épargnants ont reçu leurs relevés bancaires (c’est la fin du trimestre!) et que la lecture de la case en bas à droite fait mal aux yeux. Quand le marché a connu une reprise lundi pendant la dernière heure de trading, les professionnels ont poussé un soupir de lassitude: donnez-nous une bonne capitulation et qu’ on en finisse!
La capitulation, c'est le terme technique pour le moment où les investisseurs vendent parce qu’ils ont perdu tout espoir. C’est une bonne, une grande, une panique finale. Lundi avait la couleur d’une panique et puis zut! à la dernière minute, vous avez encore des gens qui reprennent espoir et qui se disent qu’il y a de bonnes affaires à réaliser dans un va-et-vient express.
Si vous allez à New York, vous ne pourrez probablement pas visiter Wall Street; sauf si vous connaissez quelqu’un (je ne connais personne, désolée) ou si votre voyage se produit après la mort de Ben Laden; mais outre le drapeau américain qui pend sur la façade, je vous conseille de faire un tour dans le Financial District. D’abord vous vous rendrez compte que la rue de Wall Street est aussi étroite que la porte qui vous permettra de devenir riche grâce à votre travail. Ensuite, si vous déambulez dans le quartier, vous tomberez sur une statue d’un gros taureau. Je vous donne un indice : c’est à côté d’ une pharmacie Duane Reade. Autre indice : il y a des pharmacies Duane Reade à tous les coins de rue, mais cherchez le taureau.
Ça y est, vous l’ avez trouvé ? Non, ce n’est pas une sculpture de Pablo Picasso. En fait, c’est le Christophe Colomb de la fortune, le Big Jim des grands enfants de Wall Street. Voilà à quoi il ressemble :
http://www.panoramio.com/photo/3254126.
En anglais, un marché haussier se dit a bullish market (bull= taureau) et un marché baissier a bearish market. Inutile de vous préciser qu’ il n’ y a pas de statue d’ours dans cette partie de Manhattan.
Nous sommes donc clairement dans un marché oursier (sic). Mais du point de vue statistique, la baisse a surtout été pénible parce que, depuis la faillite de Lehman Brothers le 15 septembre, on ne termine pas de tomber. Sinon, au regard du passé, il y aurait encore de la marge. On est à moins 30% par rapport à octobre 2007, quand la Bourse se trémoussait à 14.000 points. Sur un siècle, la moyenne des baisses pendant les débandades boursières atteint 42%. Donc, donnez-nous une bonne panique et qu’ on en finisse.
En attendant, il faut expulser l’eau des poumons de l’économie réelle. Le gouvernement anglais vient de recapitaliser sept de ses banques, tout en leur laissant les actifs pourris sur le bilan. Ce qui en passant est exactement l’inverse du Plan Paulson.
Dans un élan concerté, la Fed, la BCE, la Banque centrale du Canada, la Banque d'Angleterre, la Banque centrale suédoise et la Banque nationale suisse viennent de baisser leurs taux de base directeur de moins 0,5%. Les Japonais soutiennent par la pensée parce que leurs taux sont déjà si bas et les Chinois, eux, ont baissé de 0,27%. On a dû mal à croire que cela suffira mais d’autres mesures seront prises ce week-end, lors d’un sommet mondial extraordinaire à Washington sous l’égide du FMI. Le Plan Paulson aussi est en train de se mettre en place à une vitesse pas du tout bureaucratique. D’ ici là, chacun écope.
Moins 200 points encore aujourd’hui. Capitulation, capitulation, à 9.246 points, est-ce que j’ai enfin une gueule de capitulation ?
Chroniques du tsunami financier Gabrielle Durana All rights reserved
mercredi 8 octobre 2008
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